Au cours des dernières années, les pays occidentaux ont pris conscience de l’influence croissante des géants de l’Internet sur plusieurs aspects de la vie politique et économique. L’un des reproches faits à ces grandes entreprises de l’internet est leur manque d’interopérabilité. Cette notion, peu familière pour la plupart des internautes, est pourtant décisive à plus d’un titre. Comme il s’agit d’une valeur fondamentale de Mailfence, nous vous invitons à découvrir ce qu’est l’interopérabilité et comment elle influence votre vie.
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Qu’est-ce que l’interopérabilité ?
L’interopérabilité est la capacité d’un système ou d’un produit à fonctionner spontanément avec d’autres. En d’autres termes, il fonctionne sans que cela ne nécessite d’action particulière.
L’interopérabilité repose sur des normes et des protocoles existants, qui émanent eux-mêmes d’innovations importantes. L’interopérabilité vous permet de communiquer par téléphone avec une personne à l’autre bout du monde. C’est possible même si le réseau téléphonique de votre correspondant n’est pas exactement le même que le vôtre. Elle fonctionne également si vous utilisez tous deux des smartphones de marques différentes avec des systèmes d’exploitation différents (Android et IOS, par exemple).
L’interopérabilité est également à l’origine de l’énorme succès de l’email. En effet, l’interopérabilité des protocoles de messagerie signifie que tout le monde peut envoyer et recevoir des messages, quel que soit le service qu’il a choisi.
Pourquoi l’interopérabilité est-elle un concept clé ?
L’interopérabilité est importante car elle permet l’interconnexion de différents produits et services provenant d’entreprises différentes. L’interopérabilité vous offre un éclectisme technique, que vous soyez un consommateur, une petite entreprise ou une organisation. Elle élargit votre éventail de choix en vous permettant de combiner une gamme plus large et plus polyvalente d’outils répondant à vos besoins.
Elle permet également aux entreprises créatives disposant de ressources limitées de s’imposer sur le marché avec des produits innovants. En effet, ces entreprises peuvent s’appuyer sur des outils existants pour proposer des modules complémentaires sans avoir besoin de créer des produits finaux très élaborés nécessitant une plus grande technicité.
En conséquence, l’interopérabilité est un facteur décisif d’innovation et d’enrichissement de l’écosystème numérique. Internet aussi a été conçu sur le principe de l’interopérabilité. Des normes ont été établies pour que les individus et les organisations du monde entier puissent communiquer ensemble et échanger librement des informations et des services.
Qui sont les gatekeepers ?
Malheureusement, certaines entreprises cherchent à saper cette ouverture en créant des jardins clos. Elles maintiennent des écosystèmes fermés dans lesquels elles contrôlent le matériel, les applications ou le contenu. Elles créent un écosystème fermé au sein duquel elles contrôlent le matériel, les applications ou le contenu. De ce fait, leurs utilisateurs sont cantonnés aux services, contenus et communications fournis au sein de ces plates-formes.
Ces entreprises, que l’on nomme “gatekeepers” (“gardiennes du temple”), déploient des stratégies pour bloquer l’accès des autres entreprises à leur base d’utilisateurs. Elles peuvent par exemple leur facturer des frais élevés, les classer de façon moins favorable dans les résultats de leur moteur de recherche, et contrôler leur réputation. Ces gatekeepers ne sont autres que les mastodontes du numérique. Ils englobent les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft), mais aussi d’autres géants de l’Internet détenteurs de gigantesques bases d’utilisateurs, comme Uber, Twitter et TikTok.
Ainsi, le possesseur d’un iPhone ne peut télécharger que les applications proposées dans l’App Store d’Apple. Il ne pourra installer sur son téléphone une application qu’il aurait trouvée dans Google Play. Un utilisateur de WhatsApp ne pourra pas communiquer avec un utilisateur de Telegram si ce dernier ne possède pas de compte WhatsApp.
Qu’est-ce que l’effet de réseau ?
Dans une situation normale, toute nouvelle entreprise peut s’imposer sur un marché donné, même s’il s’agit d’une niche avec un nombre très limité d’entreprises. Mais sur le marché du numérique, ce n’est plus toujours le cas, en raison des effets d’échelle et des effets de réseau.
Pour se tailler la part du lion sur un marché, les grandes firmes de l’internet fournissent de nombreux services prétendument gratuits, ou à des prix dérisoires, afin de se constituer des bases d’utilisateurs gigantesques.
Chaque nouvel utilisateur renforce l’attractivité de la plateforme car il étend le nombre d’utilisateurs avec lesquels on peut interagir, comme avec Facebook. De plus, en diversifiant le contenu de la plateforme, il permet aux algorithmes d’affiner leurs sélections pour offrir un contenu plus pertinent à tous les utilisateurs comme dans le cas d’un moteur de recherche comme Google. Enfin, une base d’utilisateurs plus importante encourage le développement de nouvelles applications comme sur les app stores d’Android et d’Iphone.
Ce cercle vertueux pour les plateformes est appelé “effet de réseau”.
Dans cette situation, les utilisateurs hésitent à changer de fournisseur de services ou de plateforme, car cela leur fait perdre l’accès aux avantages de l’effet de réseau.
En outre, le manque d’interopérabilité de certains gatekeepers oblige les utilisateurs à s’inscrire à contrecœur à ces plateformes, car elles disposent d’une large base d’utilisateurs, ce qui les rend incontournables. Ces utilisateurs se sentent obligés de les rejoindre afin d’interagir avec un plus grand nombre de personnes.
Ainsi, la domination de ces mastodontes se renforce avec chaque nouvel utilisateur inscrit. Au fil du temps, leur puissance dissuade d’autres acteurs de créer des services concurrents, parce qu’ils savent qu’ils ne pourront jamais attirer assez d’utilisateurs pour qu’ils deviennent attractifs et rentables.
L’effet de réseau est si efficace que même une entreprise puissante peut échouer à pénétrer un marché où un autre acteur détient déjà cet avantage. Google+ n’a jamais réussi à concurrencer Facebook, et Google a dû jeter l’éponge. Bing, de Microsoft, n’a jamais réussi à rattraper le moteur de recherche de Google. Cet obstacle est encore plus grand pour les jeunes entreprises qui cherchent à pénétrer ces marchés. Signal, un service de messagerie instantanée chiffrée de bout en bout, a du mal à s’imposer en raison de la domination de WhatsApp, même si son service offre plus de valeur aux utilisateurs que WhatsApp.
Les internautes pris en otage
En conséquence, les plateformes dominantes se retrouvent en situation de monopole sur un marché dépourvu de concurrence. Il peut être tentant, dans cette position, de maintenir le statu quo et de ne plus engager de dépenses en faveur de l’innovation.
Très souvent, elles préfèrent consolider leur position dominante ou conquérir de nouveaux marchés voisins de ceux qu’elles dominent déjà en utilisant les connaissances qu’elles ont recueillies sur leurs utilisateurs. Elles parviennent ainsi à s’imposer sur de nouveaux marchés, y compris lorsque ceux-ci étaient tenus par des acteurs établis de longue date.
Les utilisateurs se retrouvent donc pris en otage avec un service peu évolutif, sans possibilité d’opter pour un autre. Et désormais, plus rien n’oblige le monopole à maintenir la gratuité ou des prix bas. Son statut de service incontournable lui permet de fixer librement leurs prix.
La situation de monopole ou de duopole est déjà un fait pour de nombreux grands services de l’Internet. En 2019, une étude du gouvernement britannique avait déjà estimé que le plus grand ou les 2 plus grands acteurs du marché des systèmes d’exploitation mobiles et de la recherche en ligne s’arrogeaient près de 100 % des parts du marché britannique. La part des un ou 2 plus grands médias sociaux dépassait les 90 %.
Le paysage numérique a ainsi été insidieusement modifié. Il y a une dizaine d’années, il était courant d’avoir un compte auprès d’une bonne dizaine de médias sociaux. De nos jours, la plupart des utilisateurs de ces plateformes n’en ont que 2 ou 3.
L’interopérabilité dans le viseur des régulateurs
La domination des “gatekeepers” et ses effets pernicieux sur le marché numérique, l’ordre public et la vie politique inquiètent de plus en plus les régulateurs en Europe, aux États-Unis et ailleurs.
Une entreprise qui domine son marché, grâce aux effets de réseau, n’a aucun intérêt à promouvoir l’interopérabilité, et elle ne le fait pas spontanément.
Une intervention des pouvoirs publics est donc nécessaire pour restaurer les conditions de nature à favoriser l’apparition d’entreprises concurrentes
Les pays occidentaux l’ont bien compris. C’est pourquoi la Commission européenne préconise des services et des flux de données sans rupture pour les administrations publiques européennes. En décembre 2020, l’UE a présenté 2 textes, le “Digital Services Act” (DSA, règlement sur les services numériques) et le “Digital Markets Act” (DMA, règlement sur les marchés numériques), qui devraient entrer en vigueur dès 2022. Le DSA cible les contenus publiés sur les plateformes, tandis que le DMA ambitionne de réguler la concurrence sur Internet.
Une préoccupation essentielle de Mailfence
L’interopérabilité est l’une des valeurs fondamentales de Mailfence. Elle a été un facteur déterminant dans la conception de notre solution. Mailfence a été conçue avec l’interopérabilité en tête, afin que nos utilisateurs puissent intégrer notre service à leurs outils préférés, sans que cela ne nuise à leurs performances ou à l’étendue de leurs fonctionnalités.
La messagerie électronique Mailfence est totalement interopérable avec tout autre service du monde entier basé sur OpenPGP, l’un des protocoles de chiffrement des emails les plus utilisés. Cela garantit un environnement concurrentiel normalisé et interopérable. Les fichiers et les clés générés dans le programme sont compatibles avec tous les logiciels qui prennent en charge cette norme. Il est en effet crucial d’assurer une protection, y compris pour les données échangées grâce à l’interopérabilité, comme cela a toujours été une priorité pour nous.
Mailfence confère également un contrôle total sur leur gestion des clés à ses utilisateurs et offre une réversibilité complète. Tout utilisateur peut exporter ses clés (lien en anglais) et ses données (lien en anglais) vers n’importe quelle autre plateforme quand il le souhaite.
Mailfence a rejoint la Coalition pour des Marchés Numériques Concurrentiels (« Coalition for Competitive Digital Markets »). La #C4DM se bat pour que le Digital Markets Act (« Loi sur les marchés numériques ») impose des règles plus strictes en matière d’applications préinstallées, d’offres groupées mais aussi d’interopérabilité (Découvrez ici la lettre ouverte que nous avons adressée aux régulateurs européens).
L’année précédente, en tant que membre de l’Alliance des PME du secteur numérique en Europe, nous avions déjà exhorté les parlementaires européens à inclure des exigences d’interopérabilité ex ante pour les principaux acteurs des marchés des services numériques profitant d’effets de réseau importants dans le prochain projet de loi sur les services numériques.
En conclusion, l’interopérabilité est une condition nécessaire pour obtenir une concurrence saine, basée sur les bénéfices apportés à l’utilisateur, plutôt que sur la taille du nombre d’utilisateurs du fournisseur. A ce titre, elle constitue un gage de liberté pour les internautes en leur redonnant le pouvoir de choisir les services qu’ils préfèrentent en fonction de leurs critères propres. Elle favorise l’entrée de nouveaux acteurs et de solutions plus innovantes, plus créatives et plus économiques sur le marché, pour le bénéfice de tous.
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